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L’année en images (5) : L’irrésistible ascension chinoise

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Avec plus de 70 millions de visiteurs, l’exposition universelle de Shanghai pourrait bien passer pour l’événement de l’année 2010 : sa dimension géopolitique, diplomatique et économique semble en faire le symbole d’une Chine qui, au-delà de son irrésistible ascension économique, montre désormais une véritable ambition de puissance. Vision trop simpliste ? Encore faut-il en effet revenir sur les moments et les chiffres clés qui ont fait la Chine de 2010 pour comprendre que l’exposition universelle, que certains spécialistes ont pu ironiquement appeler « la foire de Shanghai » n’est sans doute qu’une manifestation anecdotique des profondes mutations à l’œuvre.

Désormais deuxième puissance économique devant le Japon, premier exportateur ex-æquo avec l’Allemagne, la Chine a résisté mieux que n’importe quel pays à la récession mondiale en affichant des taux de croissance records (9,5% en 2010 selon des estimations de l’OCDE). C’est sans compter les gigantesques réserves de changes qui s’élèvent aujourd’hui à près de 3000 milliards de dollars. Elles offrent à la Chine une capacité d’investissement inégalée et la placent dans une phase de projection de puissance économique. En témoigne l’embargo sur les métaux rares imposé de facto par le gouvernement chinois pendant quelques semaines et qui risquait d’étrangler toute l’industrie japonaise. En bref, 2010 a conforté cette idée que la Chine se donne les moyens de la puissance économique… et diplomatique. Le rapprochement avec la Corée du Nord ainsi que les tensions avec le Japon ont d’ailleurs fait naître cette expression dans la presse européenne et américaine :  « la nouvelle arrogance de la Chine » qu’il serait trop facile de réduire à une simple manifestation de la crainte occidentale de perdre son leadership dans l’économie mondialisée.

On pose souvent la question de la durabilité de la croissance chinoise en la ramenant de façon simpliste à celle du développement durable et de la démocratisation. Il faut pourtant comprendre que la Chine nous impose une redéfinition du concept même de puissance conforme aux théories réalistes américaines (comme celle de J. S. Nye reposant sur une combinaison de Soft et de Hard Power) qui prétendent proposer un modèle général de relations internationales débouchant sur une doctrine rationnelle d’action. Elle nous oblige surtout à repenser la notion de « flattening of the world » (T. Friedman), c’est-à-dire d’uniformisation du monde en introduisant un nouveau modèle de positionnement diplomatique et économique fondé notamment sur une action/réaction conjoncturelle autoritaire qui ne se borne pas au respect des normes de pensée traditionnelles (que ce soit en matière monétaire, commerciale ou diplomatique…). Comment ces mutations vont-elles affecter les relations commerciales et diplomatiques internationales ? Sommes-nous sur la voie d’un « G2 » sino-américain comme le prévoit R. Kagan et quelle place accorder au multilatéralisme ? Des questions qui dépendent pour beaucoup de la politique chinoise et auxquelles 2011 donnera sans doute les premières réponses…

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